Conscience et sophrologie

« La sophrologie est une science qui étudie la conscience en équilibre, et une discipline pour le développement des valeurs de la personne, inspirée de la phénoménologie existentielle ».

 

« La Sophrologie Caycédienne est la méthode d’entraînement vivantiel de la sophrologie, appelée Méthode Caycedo. Elle s’utilise dans les sciences de la santé, dans l’éducation, le sport et le développement personnel ».

Comment puis-je connaitre la conscience ?

L’histoire de la sophrologie a commencé par cette question : « Comment puis-je connaître la conscience ? », question qui prend sa source dans les préoccupations et interrogations médicales et humanistes qui s’éveilleront dès les premières années de la vie professionnelle du Dr Alfonso Caycedo. Alors qu’il exerce comme jeune psychiatre à l’Hôpital Provincial de Madrid, il s’interroge sur les thérapies utilisées à l’époque pour le traitement des maladies mentales. Il va décider de se consacrer à l’étude de la conscience et à la recherche de méthodes visant à l’harmoniser, afin d’améliorer la santé mentale des patients. Mais comment étudier la conscience ? Après avoir fait des recherches sur ce que disent d’elle les sciences d’alors, c’est dans la philosophie et plus concrètement dans la phénoménologie, que le Dr Alfonso Caycedo trouvera la méthode qui lui semblera être la plus adaptée à l’étude et à la connaissance de la conscience.
Tout au long de sa vie, – sans jamais déroger à sa posture rigoureusement scientifique – Il vivra et suivra fidèlement les étapes de la méthode phénoménologique : la réduction et la mise entre parenthèses, l’intentionnalité et la lecture attentive des essences. Il ne se contentera pas d’en faire une méthode de recherche de la conscience, il l’intègrera à sa vie et fera de la phénoménologie une manière de penser, d’être et d’agir.
Médecin, chercheur, philosophe, Alfonso Caycedo, en véritable anthropologue, étudiera la conscience tout en considérant et en contemplant l’être humain dans son intégrité et dans « son être-au-monde », dans son essence et dans son existence.
La sophrologie se développe à la fois comme une science – avec des bases conceptuelles et méthodologiques solides et une sémantique originale – et comme une discipline, avec sa Méthode vivantielle : la Relaxation Dynamique de Caycedo. Il decide perfectionner sa Méthode, la retoucher, l’enrichir et en élargir les possibilités et les applications au champ social.
Le parcours d’Alfonso Caycedo ne sera cependant pas toujours de tout repos. Il est confronté à des difficultés qui l’amèneront à sauvegarder l’originalité de son œuvre et à prendre la décision d’ajouter au terme sophrologie, le qualificatif « caycédienne ».

* La théorie des possibilités existentielles de l’être

Plus communément connu sous le nom de « théorie de l’éventail », le modèle des états et des niveaux de conscience élaboré par le Dr Caycedo va constituer le cadre de travail de la sophrologie et accompagnera son auteur tout au long de sa recherche.
D’un point de vue phénoménologique, le Dr Caycedo définit les états de conscience comme des variations qualitatives de la conscience, des possibilités existentielles de l’être : ceux-ci qualifient la façon dont une personne tend à appréhender habituellement sa propre réalité et son existence.
Jusqu’alors, la psychiatrie n’étudiait que deux états de conscience : la conscience naturelle ou ordinaire – celle des personnes en bonne santé – et la conscience pathologique – celle des personnes souffrant de maladie mentale.

Alfonso Caycedo conserve ces deux états et en propose un troisième qu’il nomme état sophronique. Il s’agit d’un état opposé à l’état de conscience pathologique, qui se caractérise par sa nature sereine, positive et porteuse de valeurs. L’hypothèse fondamentale de cette théorie est que l’être humain peut conquérir librement cet état de conscience harmonieux et l’« habiter » de manière transitoire ou de plus en plus durable.

Le Dr Caycedo décrit également les niveaux de conscience – qui peuvent varier indépendamment des états de conscience – et les définit comme des variations quantitatives de la vigilance. Ce sont ces moments transitoires par lesquels nous passons tous, tout au long d’une journée : la veille, le sommeil, mais également ces petites fluctuations de vigilance ou de somnolence que nous pouvons à tout moment expérimenter. Il mentionne également les différents stades du coma qui se caractérisent par une diminution progressive de la conscience.
Entre la veille et le sommeil, il propose un niveau intermédiaire de conscience auquel il donne le nom de niveau Isocay. C’est dans ce niveau qu’il recommande de pratiquer toutes les techniques sophrologiques, la dynamisation de notre potentiel y étant facilitée.

Ainsi, d’après cette théorie des possibilités existentielles de l’être, théorie fondatrice de la sophrologie, il est possible d’acquérir, de conquérir cet état de conscience serein – état sophronique – grâce à la pratique régulière des techniques sophrologiques dans ce niveau spécial de conscience qu’est le niveau sophroliminal. Cette nouvelle science qui avait pour devise Ut conscientia noscatur – Pour que la conscience soit connue –, trouvait ici son objet d’étude.

Le Professeur Alfonso Caycedo lors de son discours sur les valeurs de l’Homme prononcé dans l’Auditorium des Droits de l’Homme, Genève (2001).

Principes fondamentaux de la sophrologie

La sophrologie est basée sur quatre principes fondamentaux ; c’est sur eux que doit s’appuyer le sophrologue quand il propose un entraînement sophrologique.

– Le principe d’action positive
Ce principe s’énonce ainsi : « Toute action positive, dirigée vers la conscience, se répercute positivement sur la totalité de l’être humain ».

– Le principe du schéma corporel comme réalité vécue
Le corps, en tant que support biologique de la totalité de la personne, est toujours présent tout au long de l’entraînement sophrologique, que ce soit à travers le mouvement, la concentration ou la contemplation.

– Le principe de réalité objective
Ce principe fonde la posture et la déontologie du sophrologue. Il doit avoir conscience de l’état de sa propre  conscience et connaître les limites de ses compétences dans l’accompagnement, de façon à ne pas investir des champs pour lesquels il n’a pas la formation requise. Il adapte son mode d’intervention, collabore et/ou délègue à des spécialistes quand cela est nécessaire.

– Le principe d’adaptabilité
On pourrait également l’appeler « principe de flexibilité ». La sophrologie – pas plus dans son aspect théorique que dans sa pratique – ne fait preuve de rigidité dans l’accompagnement des personnes. C’est le sophrologue qui doit s’adapter à la réalité de la personne qui pratique et non le contraire. Pour élaborer les protocoles il prend en compte la situation personnelle et les besoins réels des personnes ; de la même façon, quand il s’agit de la pratique en groupe, il est conseillé d’aménager le suivi en adaptant la progression à la situation du groupe.

Les lois en sophrologie

La plupart des philosophes contemporains, soucieux de l’existence de l’être humain, ont abordé le thème de « la vivance » qu’ils ont définie comme étant un impact significatif produit sur le sujet  agissant tel une empreinte, une trace intense et durable.
L’être humain, c’est un fait, est exposé dans sa vie quotidienne à toutes sortes d’impacts qui déclenchent en lui certaines « vivances ». La sophrologie, quant à elle, s’intéresse tout spécialement aux « vivances » déclenchées, de façon intentionnelle, par l’entraînement sophrologique.

La sophrologie établit deux lois en lien avec la « vivance » qui est, de toute évidence, le « phénomène » le plus important de la pratique sophrologique.

– La loi de la vivance phronique
La « vivance phronique » est un terme créé par le Pr Caycedo pour désigner cette rencontre profonde entre le corps et l’esprit qui se produit pendant le moment de « pause » qui suit tout exercice de sophrologie. Cette rencontre mobilise les structures profondes de l’être et permet, grâce à la Méthode sophrologique, de découvrir, de conquérir et de transformer la conscience.
La « vivance phronique » permet le dévoilement et la découverte de la « conscience sophronique » et des valeurs fondamentales, radicales et existentielles de l’être.

– La loi de la répétition vivantielle
La « vivance», sans la répétition, serait inopérante. C’est grâce à la répétition de la « vivance » qu’il est possible de progresser dans tous les processus vivantiels.
La répétition vivantielle est un entraînement qui va permettre aux « phénomènes » (sensations, perceptions, sentiments, etc.) d’apparaître à la conscience. Cette répétition va faire naître l’expérience – très importante pour la Sophrologie Caycédienne – et amener à la découverte, la conquête et la transformation des structures et des valeurs existentielles de l’être qui vont pouvoir ensuite être projetées dans la quotidienneté.

La méthodologie de recherche de la sophrologie

Pour son travail de recherche sur la conscience, le Dr Caycedo décide de s’appuyer sur « la méthode phénoménologique » ainsi qu’il le dit lui-même : « Pour créer cette nouvelle science de la conscience, je devais nécessairement m’appuyer sur la méthode phénoménologique. »

Pour élaborer sa Méthode et chacune des techniques de la sophrologie, le Dr Caycedo a appliqué de façon systématique « l’observation phénoménologique ».

Les méthodes choisies par la sophrologie s’appliquent aussi bien à la connaissance théorique qu’à la connaissance pratique qui sont les deux dimensions – complémentaires – d’une même discipline.

Examinons quelques-unes de ces méthodes :

  • La méthode qualitative

La sophrologie suit les orientations de « la méthode qualitative » des « sciences factuelles » dans la mesure où son approche des phénomènes et des événements de la conscience se fait avec le plus grand respect, en prenant l’information directement dans les « vivances » des pratiquants et en analysant ces « vivances » sans a priori ni préjugés, dans la perspective d’établir les protocoles des techniques et des pratiques qu’il convient d’appliquer.

  • La méthode phénoménologique

Depuis le début, le Dr Caycedo comprit parfaitement que, pour la nouvelle science qu’il était en train de créer, c’était la méthode phénoménologique qui était la plus appropriée. Cette méthode a apporté à la sophrologie un mode d’approche différent du  « phénomène de la conscience » et de ses « vivances ». L’usage de « l’intentionnalité », l’efficacité des degrés de « réduction phénoménologique » et la « mise entre parenthèses » ont permis à la sophrologie de découvrir la structure de la conscience, ses états et ses niveaux ainsi que ses capacités.

De même, cette méthode a servi à l’élaboration des techniques phroniques et de chacun des douze degrés de la Relaxation Dynamique de Caycedo.

  • Méthode inductive – déductive

Ces deux méthodes sont en lien réciproque et se complètent, même si parfois une importance plus grande est donnée à l’une d’entre elles ; les êtres et les faits individuels sont les objets d’étude de « la méthode inductive », tandis que « la méthode déductive » aborde ces êtres ou ces faits dans leur universalité. Dans cette « méthode inductive-déductive », la science commence avec des observations individuelles, à partir desquelles dans un deuxième temps, seront proposées des « généralisations » dont le contenu va au-delà de celui des faits observés initialement.

  • Méthode analytique et méthode synthétique

En sophrologie, la Méthode Caycedo, structurellement, suit la « méthode analytique » et « la méthode synthétique » . Nous observons tout d’abord que la structure et l’ordre opératoire suivis par la Méthode sont « analytiques » car la personne, objet de la Méthode, est étudiée méthodiquement à travers les différents éléments qui la composent : son essence – corps, esprit, conscience, âme –, (1er et 2ème cycles de la Méthode) et son existence (3ème cycle de la Méthode). Chaque degré des différents cycles de la Méthode Caycedo fait travailler un objectif vivantiel spécifique.

A la fin de chaque degré et de chaque cycle, le pratiquant peut constater que sa « vivance » s’est enrichie et que lui-même s’est transformé de telle sorte qu’il est en mesure de vivre la synthèse du « moi phronique fondamental », du « moi phronique radical » et du « moi phronique existentiel », jusqu’à atteindre le « moi sophronique » qui est la synthèse des trois « moi » qui constituent l’être humain.

  • La méthode quantitative

La Sophrologie Caycédienne a également fait l’objet de recherches quantitatives basées sur des études expérimentales contrôlées dans lesquelles sont appliquées aussi les méthodes inductive–déductive et analytico–synthétique.

Il existe des publications – d’autres doivent paraître prochainement – dans lesquelles est démontrée l’efficacité de la sophrologie à travers des tests psychométriques dont la validité est certifiée. Ces tests sont faits avant et après la pratique d’un entraînement sophrologique précis ou d’une intervention contrôlée auprès de groupes homogènes de personnes présentant des caractéristiques similaires (anxiété, etc.).

Sofrocay, Académie internationale de Sophrologie Caycédienne, a créé une commission scientifique : elle a pour vocation d’encourager des travaux de recherche basés sur des études quantitatives et qualitatives qui permettent d’accréditer scientifiquement la validité de la sophrologie. Avec cet objectif, plusieurs programmes de recherche ont été développés dans différents Centres catalans, sous la supervision du Pr Bulbena, professeur agrégé de psychiatrie de l’Université Autonome de Barcelone.

La sophrologie est-elle une science ?

La sophrologie est-elle une science ? si c’est le cas, quelle sorte de science est-elle ?

  • la sophrologie a un champ de recherche bien défini qui est la conscience. Même si elle le partage avec d’autres sciences, la sophrologie l’aborde à partir d’une perspective qui lui est propre et originale : l’approche de la conscience en elle-même, dans son essence, et de la conscience sophronique qui toutes deux, caractérisent l’objet formel qui est le sien.
  • la sophrologie a une connaissance juste des structures responsables de la constitution de la conscience, qui est son champ de travail ; ainsi qu’une connaissance juste des principes et des lois qui régissent et orientent la pratique de l’action sophrologique vers la conquête de son objectif, qui est l’acquisition d’une conscience en équilibre.
  • la sophrologie est dotée d’une méthode propre et spécifique, appelée Méthode Caycedo ; les fondements de cette Méthode et son application permettent à la sophrologie d’être classée en tant que science factuelle.
  • la méthode d’étude utilisée, aussi bien pour développer des théories et des modèles sur la conscience, que pour élaborer la Méthode Caycedo, est la phénoménologie, même s’il a été fait appel aussi à d’autres méthodes complémentaires comme la méthode inductive-déductive .
  • quant à la vérification de l’efficacité de la sophrologie : les arguments que nous avons présentés attestent de façon satisfaisante la validité de la sophrologie en tant que science ; preuve en est son développement et l’accueil favorable qu’elle a reçu dans le secteur de la médecine et dans celui des sciences de la santé, ainsi que dans le milieu éducatif et sportif et ceux de la prévention et du développement personnel.
  • la présence de la sophrologie dans des symposiums et congrès témoigne également de sa qualité de « science ouverte » qui peut être présentée et partagée par d’autres sciences ou disciplines.
  • les différentes formations proposées aux sophrologues ainsi que la participation de milliers de personnes au Master en Sophrologie Caycédienne (titre privé andorran) est un autre indicateur du sérieux et de la validité de cette science qu’est la sophrologie.
  • les résultats de la recherche qualitative : phénodescriptions, témoignages.
  • les résultats de la recherche quantitative – les études prospectives contrôlées – de la sophrologie certifient cautionnent également le bien-fondé scientifique de cette discipline.
  • le nombre important de publications – livres, thèses doctorales, écrits, articles, recherches, exposés et conférences – renforce et consolide la valeur scientifique de la sophrologie.

Conclusion : Grâce à toutes les considérations logiques que nous venons de faire et à l’étayage méthodologique que nous avons mis en lumière, l’affirmation selon laquelle la sophrologie est une véritable science est pleinement justifiée et démontrée.

Caycedo, N. (2018). Science et Sophrologie. Barcelone : Ed Sofrocay